Pour Snowden, tout a changé

International

Cela fait maintenant cinq ans qu’Edward Snowden a quitté son confort hawaiien pour une vie d’exil en Russie. Pour marquer l’anniversaire de la fuite de documents confidentiels la plus importante de l’histoire, l’ancien membre de la NSA a accordé une interview au quotidien britannique The Guardian, qui révélait alors l’affaire en 2013, dans laquelle il tire le bilan de son sacrifice. Il se dit sans regrets. Quelques jours après l’entrée en vigueur du règlement général européen pour la protection des données (RGPD), le lanceur d’alerte Edward Snowden s’estime satisfait d’avoir contribué à la prise de conscience globale qui a notamment conduit à modifier le paysage législatif. Pour lui, ces nouvelles règlementations constituent bien plus que quelques lignes dans les conditions d’utilisations des plateformes numériques : elles sont représentatives d’un changement profond de mentalité. Un changement lié à l’enjeu majeur des révélations de débuit juin 2013 : combattre l’ignorance de la plupart des utilisateurs des Facebook, Google et consorts quant à l’utilisation de leurs données personnelles. En plus de dévoiler la surveillance de milliers de citoyens américains par leur services de renseignement, il n’a cessé depuis de sensibiliser sur l’importance de la gestion des « traces numériques » que nous laissons derrière nous. Sensibilisation qui a mis cette problématique au coeur du débat public, poussant les responsables des services de renseignement accusés à prendre la parole sur leur vision de la différence entre surveillance et respect de la vie privée. Difficile pour eux de contourner la case média depuis les révélations d’Edward Snowden, surtout quand la « transparence » est érigée en valeur cardinale. Un enjeu que l’ancien directeur adjoint de la National Security Agency américaine, Richard Ledgett, a finalement reconnu avant de prendre sa retraite l’an dernier. Celui-ci lâchait alors du bout des lèvres qu’il aurait mieux valu que la population américaine apprenne que leurs données téléphoniques avaient été aspirées par le gouvernement par des officiels plutôt que par un lanceur d’alerte. Pourtant, Edward Snowden est toujours recherché pour trahison par les État-Unis et le Royaume-Uni. Et Jeremy Fleming, le dirigeant de l’agence de surveillance britannique GCHQ, garde une dent contre le lanceur d’alerte : ses dénonciations ont à ses yeux « réellement et inutilement nuit à la sécurité du Royaume-Uni et de ses alliés ». Même s’il reconnaît aujourd’hui auprès du Guardian le besoin de plus de transparence sur les pratiques de ses services.